- n° HS culture
Cote : LAN.51.COU
Au commencement était le verbe, la langue commune à tous les humains, puis Dieu introduisit la confusion dans le langage, dit la Bible. Au début existait une langue mère, qui se serait ramifiée au fil des millénaires en une multitude de parlers différents, affirment les chercheurs. Aujourd'hui, de 6 000 à 6 700 langues coexistent sur la planète. Mais elles sont très inégalement réparties puisque 96 % d'entre elles sont parlées par seulement 4 % de la population.
Parmi celles qui tiennent le haut du pavé, il y a d'abord le chinois et son 1,1 milliard de locuteurs. Plus mouvant qu'il ne le voudrait, il continue malgré tout son travail d'unification impériale. Viennent ensuite : l'anglais, fragile en raison même de son statut de lingua franca universelle ; l'hindi et l'ourdou, jumeaux du sous-continent indien qui tentent non sans mal d'imposer leur suprématie ; l'espagnol, langue métisse en pleine expansion aux Etats-Unis ; le russe, contraint à plus de modestie depuis la chute de l'URSS ; et l'arabe, tiraillé entre la langue littéraire et officielle et ses multiples variétés dialectales.
Quant aux 96 % de langues restantes, les linguistes partagent la conviction que la moitié d'entre elles auront disparu d'ici à la fin du XXIe siècle. On assiste aujourd'hui, aux dires du linguiste britannique David Crystal, à une hécatombe sans précédent. Les causes en sont multiples. C'est d'abord le résultat d'années, voire de siècles, de pressions exercées par les Etats, qui vivent le multilinguisme comme une menace pour leur pouvoir et une entrave pour le développement socio-économique. C'est au nom de l'unité nationale mais aussi de la modernité que la France a tout fait pour imposer le français et éradiquer les parlers régionaux, qualifiés péjorativement de patois. C'est toujours au nom de l'unité et de la modernité que la Turquie a longtemps nié l'existence du kurde et que les pays du Maghreb rechignent à donner à la langue berbère, le tamazight, la place qui lui revient. Mais la disparition des langues est aussi une conséquence du brassage des populations, des conflits et de la domination économique et culturelle de certaines langues – aujourd'hui l'anglais – sur les autres.
Jusqu'à présent, tout le monde semblait se résigner à la mort des langues. Leurs locuteurs n'avaient ni les moyens ni la volonté de les sauver, et les scientifiques se bornaient à les étudier comme des pièces de musée. Aujourd'hui, on a de plus en plus conscience que chaque langue est unique, qu'elle contribue à assurer la diversité culturelle de la planète et mérite, à ce titre, d'être sauvegardée. Le processus, du reste, n'est pas toujours irréversible. Des langues que l'on disait moribondes résistent. C'est le cas du yiddish, qui suscite un regain d'intérêt tant en Israël qu'en Europe centrale et orientale, ou bien d'une langue celtique, le cornique, qui reprend du poil de la bête au Royaume-Uni. Enfin, pour témoigner de l'extraordinaire diversité linguistique du monde, nous voulions vous dire twasakadila, eskerrik asko, cutahvixieensa, chyeju kaba sai. Autrement dit “merci” en tchiluba, en basque, en mixtèque et en kachin, mais aussi en 437 autres langues de la planète. Ça peut toujours servir, on ne sait jamais.
Au commencement était le verbe, la langue commune à tous les humains, puis Dieu introduisit la confusion dans le langage, dit la Bible. Au début existait une langue mère, qui se serait ramifiée au fil des millénaires en une multitude de parlers différents, affirment les chercheurs. Aujourd'hui, de 6 000 à 6 700 langues coexistent sur la planète. Mais elles sont très inégalement réparties puisque 96 % d'entre elles sont parlées par seulement 4 % ...
langue étrangère ; philologie